Les petits Misérables (Victor Hugo)

Adaptation de la pièce
“ Les (petits) Misérables ” de Victor Hugo
par Annik Pirlot

(Public familial, à partir de 10 ans...)

Créé en septembre 2012 à la demande du centre culturel de Floreffe.
Il a également été donné à la Cour des Contes de Chiny en octobre 2013.

Il s'agissait de raconter ce monument de la littérature à des enfants.
Comment dès lors aborder ce texte... autrement qu'en évoquant la vie des enfants...

Petit Gervais, Cosette, Gavroche et ses petits frères sortent du livre... L'histoire commence avec la rencontre de Jean Valjean avec Petit Gervais. Elle s'en va ensuite à Montfermeil avec Fantine et Cosette devant l'auberge des Thénardier... abandonne Cosette avec Eponine et Azelma, elle file à Paris, elle suit Gavroche dans ses déambulations jusqu'à l'Eléphant de la Bastille, elle termine sur les barricades, avec la mort de Gavroche.

Un Roi sans mémoire
Spectacles
“ Les petits Misérables ”
(Victor Hugo)

Haute-ville-House, 18 octobre 1862,

“ Vous avez raison, monsieur, quand vous me dîtes que le livre Les Misérables est écrit pour tous les peuples. Je ne sais s'il sera lu par tous, mais je l'ai écrit pour tous. Il s'adresse à l'Angleterre autant qu'à l'Espagne, à l'Italie autant qu'à la France, à l'Allemagne autant qu'à l'Irlande, aux républiques qui ont des esclaves aussi bien qu'aux empires qui ont des serfs. A l'heure si sombre encore, de la civilisation où nous sommes, le misérable s'appelle l'HOMME ; il agonise sous tous les climats, et il gémit sous toutes les langues. Les problèmes sociaux dépassent les frontières. Les plaies du genre humain, ces larges plaies qui couvrent le globe, ne s'arrêtent point aux lignes bleues ou rouges tracées sur la mappemonde. Partout où l'homme ignore et désespère, partout où la femme se vend pour du pain, partout où l'enfant souffre, faute d'un livre qui l'enseigne et d'un foyer qui le réchauffe, le livre Les Misérables frappe à la porte et dit : Ouvrez-moi, je viens pour vous. ”

Victor Hugo

Le texte de Victor Hugo est respecté, légèrement adapté en aucun cas dénaturé ni simplifié. Les (petits) Misérables... une découverte pour certains, des retrouvailles pour d'autres mais une réalité pour des milliers d'enfants partout dans le monde...

Déroulement de l'histoire

Prologue

  • Le Roi Coups de sabots
  • S'en allait à la chasse
  • A la chasse aux corbeaux
  • Monté sur des échasses...
  • (...)

Chapitre 1
Petit Gervais rencontre Jean Valjean...

  • Comment t’appelles-tu ?
  • Petit Gervais monsieur
  • Va-t-en ! dit l’homme
  • Ma pièce ! Monsieur ! Ma pièce blanche !
  • Mon argent ! Je veux ma pièce de quarante sous !

Chapitre 2
Quelques éléments de la vie de Jean Valjean

Un dimanche soir, le boulanger Isabeau sur la place de l’église allait se coucher quand il entendit un coup violent...
Il arriva à temps pour voir un bras passé à travers un trou fait d’un coup de poing dans la grille et dans la vitre.
Le bras saisit un pain et l’emporta.
Isabeau courut après le voleur et l’arrêta.
Le voleur avait jeté le pain mais il avait encore le bras ensanglanté.
C’était Jean Valjean.

Chapitre 3
Fantine-Cosette-La Thénardier.

Fantine se trouvait à Montfermeil, dans la ruelle du boulanger, devant l’auberge des Thénardier.
Accroupie sur le seuil de l’auberge, une femme, Madame Thénardier, berçait deux enfants en chantonnant…
Eponine, et Azelma… l’une était châtaine et l’autre était brune… on eut dit deux roses dans la ferraille…

Chapitre 4
Cosette Rencontre Jean-Valjean

Un homme, sans dire un mot, avait empoigné l’anse du seau qu’elle portait.
Cosette n’eut pas peur.
Il avait une casquette à visière de cuir rabattue qui cachait en partie son visage.
Sa chemise de grosse toile jaune était fermée au col par une petite ancre d’argent.
C’est bien lourd ce que vous portez là mon enfant… qui est-ce donc qui t’a envoyée à cette heure chercher de l’eau dans le bois ?
- C’est Madame Thénardier, c’est ma bourgeoise, elle tient l’auberge.
- Et bien je vais y aller loger cette nuit, conduis-moi.

Chapitre 5
Gavroche

Gavroche ne se sentait jamais si bien que dans la rue.
Le pavé lui était moins dur que le cœur de sa mère.
Ses parents l’avaient jeté dans la vie d’un coup de pied.
Il avait tout bonnement pris sa volée.
C’était un garçon bruyant, blême, leste, éveillé, goguenard, à l’air vivace et maladif.
Il allait, venait, chantait, jouait à la fayousse, grattait les ruisseaux, volait un peu,
mais comme les chats et les passereaux, gaiement, riait quand on l’appelait galopin.

Chapitre 6
Gavroche retrouve ses petits frères et les emmène dans l'éléphant de la Bastille

A peine la lumière était-elle éteinte, qu’une multitude de frottements sourds rendaient un son métallique,
comme si des griffes et des dents grinçaient...
cela était accompagné de toutes sortes de bruits aigus...
- qu’est-ce que c’est que ça ?
- C’est les rats, répondit Gavroche.
Les rats, en effet, par milliers dans la carcasse de l’éléphant...
dans le noir... sentant là ce que le bon conteur Perrault appelle de la chair fraîche...
s’étaient rués en foule sous la tente de Gavroche...

Chapitre 7
À force d'enfermer le pain comme l'or, la colère gronde.
Gavroche monte sur la barricade.

... Ils disent que nous sommes des ivrognes et des fainéants... et eux, qu’est-ce qu’ils sont ?
Des voleurs ! Ils ne se seraient pas enrichis sans cela...
Oh ! l’on devrait prendre la société par les quatre coins de la nappe et tout jeter en l’air...
Et tout se casserait...
Des hommes haletants, ouvriers, étudiants, tous les âges, on eut dit des frères
et ils ne savaient pas les noms des uns et des autres...
Ils criaient Aux armes ! (...)
- Voilà les rouges ! criait un passant…tout perdu...
- Les rouges ! répliqua un étudiant... drôle de peur bourgeois !
Quand à moi, je ne tremble point devant un coquelicot,
le petit Chaperon Rouge ne m’inspire aucune épouvante...
Bourgeois croyez-moi, laissons la peur du rouge aux bêtes à cornes !
(...)
Gavroche, complètement envolé et radieux allait, venait, montait, descendait...
Il remplissait l’air...
L’énorme barricade le sentait sur son dos...

Épilogue

Les deux petits pauvres regardèrent venir ce monsieur et son fils ;
et se cachèrent plus.
Celui-ci était un bourgeois.
Il avait une bouche qui souriait toujours, ce sourire mécanique,
produit par trop de mâchoire et trop peu de peau, montre les dents plutôt que l’âme.
L’enfant avec sa brioche mordue qu’il n’achevait pas, semblait gavé.
Le père et le fils s’étaient arrêtés près du bassin pour regarder les cygnes.
Le fils mordit la brioche et la recracha, et se mit brusquement à pleurer.
-Pourquoi pleures-tu ? demanda le père.
- Je n’ai plus faim, dit l’enfant.
Le sourire du père s’accentua.
- On n’a pas besoin de faim pour manger un gâteau.
- Mon gâteau m’ennuie. Il est rassis.
- Tu n’en veux plus?
- Non.
Le père montra les cygnes.
- Jette le à ces palmipèdes !
L’enfant hésita.
On ne veut plus de son gâteau, mais ce n’est pas une raison pour le donner.
- Le père poursuivit.
- Sois humain. Il faut avoir pitié des animaux.
Et prenant à son fils le gâteau, il le jeta dans le bassin.
Les cygnes se dirigèrent vers la brioche lentement...

Les musiques
des comptines
(Le roi Coups de sabots... Voici la lune qui parait... On est laid à Nanterre)
et de la chanson de Fantine
(Nous achèterons de bien belles choses...)
me sont montées aux lèvres naturellement pendant l'été 2012.